Depuis des mois, les fils du destin qui m’a été donné n’ont cessé de se perdre dans le vide, et moi, pendue par chaque membre à l’un d’eux, je menai une vie désarticulée, marionnette tirée de toute part entre des aspirations diverses. Peu à peu, les fils se sont noués, d’abord sans rationalité apparente, mais les désormais les fils s’entremêlent et les tresses sont quasiment formées.
Par quoi commencer si ce n’est par le commencement, ce jour où, à Nedmor, je rencontrais l’homme drapé de mystère qui remettait entre mes mains le secret de ma déchéance future. Cette page que j’avais depuis perdue est revenue à ma mémoire suite à mon échange avec le créaturologue, enfin, celui qui se nomme comme tel. Il m’a tout raconté, tout ce qu’il savait. Les atogs…comment avais-je pu les oublier. Je n‘avais lu qu’une fois ce nom quand il est revenu en moi tel une évidence. D’un côté, ça me soulage, ce n’est pas tout à fait de ma faute. Quoique, peut-être que je ne fais que m’en persuader. De toute façon qu’est ce que ça change. Je touche le fond depuis des lustres. Je ne peux que rebondir.
Le créaturologue m’a persuadé vouloir chercher un antidote, comme si le Psychatog, le maître de ma vie, était une maladie. Délire de savant que de se croire plus fort que le Mal. Je sens bien qu’il est en moi depuis toujours, comment l’homme de Nedmor aurait pu le deviner s’il en était autrement. Parfois je me prends à regretter qu’il ne se soit pas manifesté plus tôt. Peut-être n’étais-je pas digne de lui, pas encore. Maintenant qu’il est là, je ne le lacherai pas. De plus, après tout ce que le monde a pu me faire subir, à moi et à mes compagnons, pourquoi le refuser. Je suis la Bête, la Peste. Ils le disent tous de Fuisserage à Asteagan. Ainsi-soit-il. Cela me convient.
Psychatog qui est en moi, jusqu’ici tu m’as maitrisé tel un animal rebelle qui voulait échapper à ta main. Sois assuré de mon obéissance à présent, je m’en remets à toi. En échange, relache la laisse. J’attaquerai comme tu le veux, avec toute la violence et la démence que tu m’insuffles. Mais laisse-moi ma part de conscience, que je puisse apprécier ta puissance, et apporter à ton déchainement le brin de réflexion qui fera de notre couple une machine de guerre.
J'ai une requête à formuler : aide moi à retrouver l'homme en rouge. Je sens qu'il est de retour, et j'ai des questions à lui poser.