Snoow, un Psychatog ?

Père Snoow est né il y a longtemps, très longtemps. La légende lui attribue plus de 800 années de vie avant sa disparition. La réalité est probablement plus proche des 200 ans, ce qui fait tout de même près du double des possibilités biologiques normales d'un être humain et plus du triple de l'espérance de vie sur les terres sévères d'Alidhan. Peu importe son âge réel, personne ne pourra plus le découvrir depuis qu'une partie de la bibliothèque et des archives de Nedmor a brûlée lors de la violente bataille qui a abouti à la prise de pouvoir de Galorégor et à l'exil de Kaldrass.
Cette extraordinaire longévité fut probablement due à l'extraordinaire sagesse de ce moine, dont même les anciens ne se souviennent de l'avoir jamais vu jeune. C'est cette même sagesse qui l'a amenée à ne jamais prendre part dans les conflit tout au long de sa vie. C'est elle qui l'a poussé à se ranger du côté de Zélandra lorsque la guerre a éclatée, plutôt que d'avoir à choisir entre le nouveau régnant et le prince déchu.
Mais à la fin de sa vie, père Snoow s'est mis à agir étrangement. Il s'est éloigné de ses amis, il a commencé à prendre des vies sans raison. D'aucuns affirmaient qu'il devenait séniles, d'autres prétendaient qu'un esprit malin s'était emparé de son âme.

Puis il a quitté ces terres.

La vérité est qu'il a rejoint le lointain vallon du temps pour y accomplir ce rite alidhanien connu sous le nom de renaissance. Il en est revenu un paladin jeune et fort, mais absolument méconnaissable car affreusement défiguré, horriblement laid et bossu. Son esprit était le même et ses amis les plus proche ont su le reconnaître derrière ce masque répugnant. Mais ceux qui prétendaient qu'un esprit malveillant travaillait à corrompre son âme, à abattre lentement mais sûrement les murailles de sagesses qui protégeaient son être, ceux-ci avaient raison.
On ne le voyait plus porter les couleurs de dame Zélandra car il ne croyait plus en sa prétendue neutralité, il ne croyait plus en rien. Chose inimaginable quelques temps auparavant, il s'est engagé sur la voie du vol et du meurtre.
Depuis lors, cet esprit malfaisant s'est acharné sur l'ancestrale sagesse de l'ancien homme de foi. Et cette sagesse, et cette foi, se fissurent de plus en plus, et de plus en plus rapidement. On le voit de plus en plus, dans des accès de furie, abattre des hommes et des femmes de façon parfaitement inique.
Il semble désormais que l'esprit a donné l'ultime coup de boutoir et que les digues ont été définitivement abattues. Même s'il a encore des moment de calme apparent, l'âme de Snoow est maintenant entièrement corrompue.

Récemment, on l'a vu combattre auprès d'un groupe de renégats d'Alidhan. Ceux dont l'esprit a été possédé par une espèce d'Atog. On a même vu Snoow frapper et tuer certain de ses anciens compagnons de fortune et d'infortune, ceux qui forment la Guildeularoût. Il a pris goût à cette violence gratutie et déraisonnée, peut-être que lui aussi est possédé, peut-être que lui aussi sera étudié par ce scientifique qui appelle ces spécimens... les Psychatogs.

Ce matin là, Snoow se réveilla avec avec un mal de crâne insupportable, il avait l'impression que les cheveux lui poussaient à l'intérieur de la tête. Lorsqu'il entrouvrit les yeux, il eu l'impression que le soleil matinal les lui brûlait. De plus, il s'était endormi contre le tronc d'un vieil arbre et sa nuque et son dos étaient fourbus. Il connaissait bien cet état second : c'était tout simplement une gueule de bois.
Mais quelquechose n'était pas comme d'habitude, il était apaisé et il gardait un goût acre dans la bouche. Non c'était différent, il ne s'était pas saoulé de bière de la lointaine île d'Albion ou d'eau de feu des froides contrées retirées de l'est. Il s'essuya la bouche ; ce geste couvrit le revers de sa main d'un liquide brun et visqueux. Alors il compris : il s'était enivré de sang. La veille au soir, il avait tué et tué encore jusqu'à se griser de mort.
Certes, ce n'était pas la première fois qu'il tuait et qu'il prenait plaisir à ça, mais les évènements lui revinrent à l'esprit petit à petit. Horrifié, il se souvint qu'il avait versé le sang de ses anciens frères d'arme, les compagnons de la Guildeularoût. Même son amie dame Zombiette avait subi les coups acharnés de son épée. Cette situation lui était impossible à vivre, il se dégouttait et il pris alors la décision solennelle de ne plus tuer.

Vaine promesse ! Il n'en était pas encore conscient, mais l'esprit Atog l'avait bel et bien envahi. Bien sûr, il avait encore quelques périodes de calme. Mais désormais c'était plus fort que lui, il devait tuer aveuglément ; c'était un besoin qui lui devenait de plus en plus vital. A nouveau, on le vit rejoindre ces autres âmes perdues que sont les Psychatogs et Phantatogs. Souvent lors de sièges de châteaux et de prises de forteresses, on le vit fendre des cranes allègrement aux côté de ces abjects renégats qui ne respectent aucune règle et n'ont de loyauté envers personne, sinon eux-même. Petit à petit, irrémédiablement, il rejoignait leur groupe. Il se sentait bien parmi eux : ils ne le jugeaient pas, n'étaient pas repoussé par son infâme laideur, ils ne semblaient même pas se rendre compte de sa schizophrénie. Mieux ! Ils semblaient le réclamer au sein de leur mauvaise troupe. Et il aimait ce sentiment de puissance qu'il avait lorsqu'il combattait à leur côté. C'était plus fort que lui : il désirait les rejoindre et il leur fit savoir...