Relookage en perspective

Après une dure journée où le paladin, en compagnie de son soigneur, s'était adonné à exterminer d'horribles bêtes dans l'immense forêt d'Astaegan, forêt peuplée de nombreux sapins centenaires, Sauron rentra en auberge avec Alexendre. Ils décidèrent d'aller prendre un bon repas constitué de viande de sanglier qui régala les deux comparses puis ceux-ci allèrent trouver un lavoir afin de se laver, l'arbre des atogs étant très éloigné de toute source d'eau.

Une heure plus tard, lorsqu'ils y parvinrent, ils commencèrent à ôter leurs vêtements. L'armure du paladin était très lourde mais il s'y était habitué avec le temps, Alexendre lui portait quelques habits cousus à la main, qui ne le protégeaient guère des coups. En observant Sauron, le soigneur chevronné fit une de ses éternelles remarques sur la coiffure et la tenue vestimentaire de son compagnon de toujours :

-Tu devrais faire quelque chose quand même, être plus tendance, parce que là t'es à la mode ermite de l'année dernière d'après Nedmorlookmagazine !

-Ah, parce que tu lis ce genre de trucs toi ? Je fais ma propre mode, une mode de roxxor quoi, tu peux pas test gros !

-Si tu le dis, mais franchement fais quelque chose....dis voir, Vindi coiffe pas les poils de Kinday ? Tu pourrais pas lui demander de faire pareil mais avec tes cheveux ? Et lui demander de nouveaux vêtements ?

-C'est pas faux, c'est une très bonne idée même, allez j'irai la voir demain à l'aube pour qu'elle puisse s'occuper de moi toute la journée, tu pourras venir si tu veux.

-Sans façon, je dois aller prier pour le dieu Gotaxep à la cathédrale de Khramas.

Les deux possédés se séparèrent après avoir fini leur toilette, l'un retourna dans son auberge favorite des terres glacées tandis que l'autre se mit en route vers le sud, dans une luxuriante forêt située non loin du repaire des brigands. La route était longue et très épuisante, c'est pourquoi le paladin prit la décision de faire une halte à Gonk, chose désormais possible puisqu'il n'était plus considéré comme une vermine depuis qu'il portait le blason royaliste, à la suite d'événements confus et que Sauron n'arrivait plus à se remettre en tête.

Le lendemain matin, il se hâta de s'habiller et se hâta à manger quelques fruits, une boule de pain et avala une choppe de bière avant de se remettre en chemin vers sa demeure de toujours. Le chemin fut ponctué de meurtres sanglants au cours desquels il tranchait la tête de ses malheureuses victimes où restait gravée une expression de terreur. Lorsqu'il parvînt aux alentours de l'arbre où vivaient ses autres compagnons, il entendit deux personnes parler, cependant il ne put entendre l'intégralité de leur conversation, ils préparaient quelque chose sans doute :

-Dis, d'après....Vindi va...et nous devons l'en empêcher parce que nous...

-Mais non ! On va se faire...

-Avec mon idée, tu n'as rien à craindre frérot !

Quelles étaient ces menaces ? Qui étaient ces personnes ? Sauron ne s'attarda pas plus sur la chose car derrière lui surgit sa cheffe, qui avait à la main trois têtes de fidèles de Kaldrass. Vindi avait une façon de s'habiller peu commune mais qui avait fait l'objet de nombreuses éloges venant de nombreux hommes qui lui avaient fait des avances, elle s'était contentée de leur casser un bras pour les punir : Vindi n'était pas capable d'aimer au sens d'être amoureuse, ce sentiment était banni d'elle.

-Salut cheffe ! Dis, tu pourrais pas arranger un peu ma coiffure et ma tenue, parce que d'après Alexendre je ne suis plus à la mode !

-Tu as de la chance que Kindaychi a refusé de venir me voir ce matin, car je devais m'occuper de lui à la base, mais puisque je n'ai rien à faire pour le moment, je veux bien te refaire une beauté, allez viens t'asseoir au pied de l'arbre, je vais chercher quelque chose qui puisse faire office de tabouret ainsi qu'une dague afin de te couper quelques cheveux, ne bouge pas !

Lorsqu'elle fut montée dans l'arbre, hors du champ de vision de Sauron, celui-ci entendit quelques gloussements venant de bruissons venant non loin de lui. Il se leva et sortit son épée, prêt à livrer un combat avec toute personne ayant osé pénétrer en ces lieux. Cependant, quand il fut arrivé à un mètre de ces bruissons, Vindi sauta d'une branche placée à trois mètres au dessus du sol et atterrit avec la souplesse qui lui était caractéristique.

-Allez mon grand, viens là, si tu veux que j'aie assez de temps pour te rendre beau, au lieu de vouloir partir faire je ne sais quoi !

Sauron s'exécuta immédiatement : on ne faisait pas attendre une femme, surtout lorsque celle-ci était hystérique et de surcroît sa cheffe. Il s'installa sur un tronc d'arbre mort que lui avait indiqué Vindi puis celle-ci prit place derrière lui, avec pour seul et unique outil une dague bien aiguisée. Le paladin s'était laissé poussé les cheveux et n'avait administré aucun traitement particulier à ceux-ci, peut-être était-ce une conséquence de la possession : l'atog ne se préoccupait guère de l'apparence de son hôte qui n'était pas destiné à être admiré de tous. Cependant, il n'avait pas eu d'objection quant à une coupe annuelle, le paladin en avait bien besoin puisqu'un combattant se devait d'avoir un minimum de tenue, minimum très bas pour l'atog mais il existait. En effet, Sauron ne devait pas être la risée de ces terres mais plutôt une brute assoiffée de sang.

-Alors, je te coupe comment tes cheveux ?

-Euh...je sais pas...

-J'ai remarqué que bon nombre de paladins que j'ai éliminé ont des cheveux courts, avec ça je pense que tu te sentiras mieux, avec cette chaleur tu dois étouffer sous ton casque !

-Ça me va, tu peux commencer Vindi.

Sans prévenir, elle trancha net la chevelure du paladin.

-Aille !

-T'es vraiment une chochotte toi hein, pas étonnant que tu ne viennes plus beaucoup nous aider à conquérir des forteresses !

La franc-tireur continua sa besogne et donna quelques coups de dagues bien placés qui firent dégringoler les cheveux de son nouveau client. Alors qu'elle s'apprêtait à donner un nouveau coup de dague destiné à enlever une touffe immense de cheveux, deux hommes surgirent des buissons en criant :

-BOUUUUUUUUUH !

Patatras ! Vindi fut si surprise que son coup loupa complètement l'endroit prévu : son crâne était désormais visible, un trou d'environ 10 centimètres de diamètre qui pouvait se remarquer très facilement. Sauron observa les deux hommes et constata qu'il s'agissait de Stom et Ozne. Ainsi c'étaient eux qui complotaient contre lui, leur plan avait marché à la perfection, même s'il était très basique.
Il se retourna pour voir le visage de celle-ci déformé par la rage, elle fonça sur Stom et utilisa sa technique légendaire du cassage de bras, technique qui suscitait la terreur parmi les alidhaniens. Ozne ne bougea pas, pétrifié à l'idée de subir le châtiment que son frère avait reçu.

-Aaaaargh !

-Non, ne me casse pas le bras...je...j'ai compris....

Stom se releva tant bien que mal et prit la fuite, il n'avait certainement pas envie de se faire casser l'autre bras...ou même plus qu'un bras, le géomancien se rendit compte au bout d'une heure qu'il avait laissé son bâton devant l'arbre...il n'irait pas le récupérer de sitôt. Lui et son frère allaient endurer sans nul doute quelques semaines d'angoisse pendant lesquels ils éviteront la franc-tireur qui était très rancunière, ils avaient reçu un avertissement sous la forme d'un bras cassé, blessure dont Stom garderait longtemps les séquelles physiques ainsi que psychologiques.

Vindi retourna constater l'ampleur des dégâts qu'avaient causé les deux comparses, cela été difficilement récupérable, surtout pour la piètre coiffeuse qu'était la franc-tireur. Elle eut donc une idée simple et efficace :

-Bon bah va falloir couper tout, pas le choix !

Elle se mit rapidement en besogne et élimina la touffe massive du paladin, puis décida de s'occuper des habits de Sauron qui devaient être plus "in". Ainsi, la vieille jeune femme remonta dans l'arbre centenaire afin de chercher quelque chose qui ferait l'affaire....cependant il n'y avait plus qu'une cape grise. Celle-ci fut balancée au paladin qui la revêtit et dit ces quelques mots à sa baronne, sa cheffe, son guide spirituel suprême :

-Merci pour tout, je pars accomplir une dangereuse quête que quelqu'un m'a proposé d'accomplir, cela m'était complètement sorti de la tête, mais je ne suis pas du genre à fuir les responsabilités, on me propose, j'accepte.


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FIN.